Les auditions avaient toujours été quelque chose de très stressant pour Penny. Même si elle connaissait toujours ses rôles et elle se savait bonne, elle n’oubliait pas qu’une centaine d’autres filles étaient en compétition avec elle. Seulement, ce rôle était parfait. C’était ce qu’elle a toujours voulu. Un rôle dans Doctor Who en tant que compagne, que dire de mieux. Il n’y avait rien de mieux pour elle. Bien sûr, elle était rouillée, elle avait laissé de côté sa carrière d’actrice pour se concentrer sur son diplôme universitaire. Si elle n’avait pas reçu ce coup de téléphone de la part d’un ancien réalisateur avec qui elle avait travaillé, elle n’aurait jamais eu l’occasion d’auditionner. Penny se considérait vraiment comme une lucky girl. En sortant de l’audition, elle passa par le couloir d’à côté puis par la machine à café et en profita pour se prendre un café. Un noir, un chaud, un bouillant, un comme on en est accro. Un petit sachet de sucre, une touillette et elle était partie pour rentrer chez elle. La caféine l’aidait à faire redescendre son angoisse. Maintenant que son stress était passé, il ne lui restait plus qu’à gérer son anxiété. L’attente des prochains jours étaient invivables. Ce moment où elle ne savait pas si elle serait prise ou non. Quel horrible sentiment. Son café en main, Penny traversa les couloirs et passa devant la salle d’audition. Et elle vit toutes ces filles qui auditionnaient pour le même rôle, et si l’une d’entre elle était plus talentueuse qu’elle, et si elle n’avait pas le rôle ? Qu’allait-elle faire de sa vie ? Continuer à lire des livres éternellement ? Elle ne pouvait pas revenir pleurer auprès de sa mère pour avoir voulu vivre sa vie, son agent la reniera et puis ça sera tout. Penny sera seule. C’était le moment où elle réalisa qu’elle n’avait jamais autant été seule de sa vie. Des amis, bien sûr qu’elle en a. Une famille, pas autant.

Elle poussa la porte furtivement, sans réelle motivation, cette simple pensée l’avait déprimée. Elle soupira et sa main lâcha l’objet qu’elle portait. Ce stupide gobelet aurait pu tomber par terre pour que le liquide noir soit la nouvelle décoration du couloir mais non, cet idiot a atterri sur le tee-shirt d’une femme. Réalisant ce qu’elle venait de faire, maladroite comme elle est, Penny s’excusa immédiatement et à multiples reprises. Des mots n’étaient pas suffisants pour réparer la gourde qu’elle avait faite. Sans surprise, la jeune femme était brune comme elle, et un peu plus mince qu’elle mais avec des formes moins avantageuses. Etait-elle de la compétition ? Oh, ruiner son tee-shirt était peut-être une bonne chose finalement. « Je suis désolée, je suis vraiment maladroite parfois. » S’excusa-t-elle à nouveau sans vraiment le penser. Penny elle, avait un jean bleu foncé et des converses noires, un débardeur blanc et une chemise bûcheronne ouverte. Autant dire qu’à ce moment, elle était contente d’avoir mis une chemise. C’était l’accessoire idéal pour cacher ce genre de connerie, un bouton et hop, tout est arrangé. Celle-là n’avait pas autant de chance.